En nous promenant en forêt, il nous arrive de croiser des espèces de champignons qui sont un véritable régal pour les yeux. Sur les troncs de nombreux feuillus (chêne, hêtre, châtaignier, etc.), mais plus rarement sur les conifères, on peut observer le Laetiporus sulphureus, nom latin formé de laetus qui signifie gai (en référence à sa couleur vive) et porus qui se rapporte aux pores. Son nom vernaculaire est le polypore soufré. On rencontre ce champignon du printemps à l’automne, sur l’écorce de troncs verticaux ou couchés (plus rarement à l’intérieur de cavités). Il se compose de chapeaux veloutés multiples, de 10 à 30, voire 50 cm de large, jaune soufre puis jaune orangé du plus bel effet, étagés et imbriqués en éventail, dépourvus de pied proprement dit. Ses pores (tubes sous le chapeau) sont très fins, jaune citron très vif. Sa consistance est d’abord tendre quand le champignon est jeune, puis friable comme du plâtre. Son odeur est fongique à l’état juvénile, rappelant celle de la chair de poulet (les Américains le surnomment d’ailleurs «Chicken of the Wood», poulet de la forêt), puis elle évolue vers celle du cèpe. Il est considéré comme comestible dans son jeune âge. Ses propriétés antioxydantes et antimicrobiennes ont été étudiées pour d’éventuels usages dans l’industrie agroalimentaire ou pharmaceutique. Dans la nature, par contre, le polypore soufré est un parasite redoutable. Un arbre attaqué meurt rapidement, évidé de l’intérieur, tout en conservant son aspect extérieur. Ainsi, un chêne très âgé de l’Université de Prague s’est abattu d’un seul coup sur plusieurs personnes par une journée ensoleillée de juillet où il n’y avait pas le moindre souffle de vent faisant plusieurs victimes. Toujours est-il que ce champignon est un vrai joyau à observer. Continuons donc de nous promener en forêt et ouvrons les yeux pour admirer ces merveilles que nous offre la nature.
Jean-Vincent Raetz (texte et photo)