Attardons-nous un tant soit peu sur l’hôte de notre champignon: le peuplier. Sur lequel (presque exclusivement) on trouve Pholiota destruens, en français la pholiote destructrice, nom poétique s’il en est. Cet arbre ne se trouve pas dans les pâturages boisés ou autres forêts denses de feuillus, mais dans des zones fluviales ou des vallées temporairement inondées d’Europe.
De ce champignon, on croise plus fréquemment ses cousines, la pholiote jaune feu, sur bois mort de
conifère, ou la pholiote à squame, plutôt ocre puis brune, poussant en touffe sur diverses souches. Celle
qui nous intéresse aujourd’hui possède un chapeau beige qui devient brun roussâtre, rempli de peluches laineuses blanchâtres qui dégoulinent, si je puis dire, sur tout le chapeau et même au-delà du bord,
ce qui pourrait faire penser à un cornet de glace en train de fondre.
Mais la comparaison gourmande s’arrête là, car non seulement la pholiote destructrice n’est pas comestible, mais elle a aussi une saveur franchement amère. Son odeur, quant à elle, n’est pas franchement
marquée et peut faire penser à celle de l’asperge cuite selon l’âge du champignon.
Les lames sont de couleur crème à brune et le pied est de la même couleur que le chapeau, richement décoré lui aussi de ces splendides mais néanmoins fragiles peluches laineuses. La forme du pied, courbée, provient du fait que le champignon pousse de manière latérale dans un premier temps, avant que le chapeau, qui fait office de parapluie et qui est donc toujours orienté de manière à protéger les spores, lui fasse prendre la direction du ciel.
Ce champignon est un saprophyte. Comprenez par là qu’il se trouve sur un substrat mort, comme du bois par exemple, dans le cas qui nous intéresse. Son rôle est de nettoyer la forêt ou de détruire, si vous préférez, les troncs des arbres tombés ou abattus. D’où son nom. Et pour lui laisser faire son travail, on n’y touchera…
qu’avec les yeux.
Texte: Jean-Vincent Raetz, photo: Jean-Pierre Monti