Le printemps est de retour et plusieurs sortes de champignons sont déjà sorties de terre, dont l’inocybe rouge brique ou inocybe de Patouillard. Appelé en latin Inocybe erubescens ou Inocybe patouillardii, ce champignon a été nommé en hommage à Narcisse Théophile Patouillard, pharmacien et éminent mycologue français (1854-1926).
Cet inocybe pousse dès avril et jusqu’en été dans les bois de feuillus, principalement sous les hêtres, le long des lisières, dans les clairières et les parcs, souvent sous les tilleuls. Il préfère les sols calcaires. Son chapeau mesure de 3 à 8 cm de diamètre, est conique comme chez tous les inocybes, puis prend la forme d’une cloche, avec un mamelon central, couvert de fibrilles radiales et une marge souvent fendillée. Il est blanc à ocre pâle. Ses lames sont échancrées (montrant une petite entaille avant de se souder au pied), assez serrées, bombées, blanches, puis gris rosâtre. Son pied est plein, cylindrique et strié, pruineux au sommet, blanc et souvent profondément enterré. Sa chair est blanche, de saveur douce, son odeur est fruitée, assez forte, et ses spores sont brunes. Par ailleurs, ce champignon se tache de rouge brique au frottement, ce qui lui a valu son nom.
Mais attention, il est très toxique! Il contient de la muscarine qui provoque dès la première demi-heure une diminution du rythme cardiaque, des nausées, des vomissements, une transpiration et une salivation excessives. Sans une intervention rapide, l’issue peut être fatale. Toutefois, il existe un antidote: l’atropine. Comme pour chaque champignon toxique, des confusions avec des espèces comestibles sont possibles, notamment avec le tricholome de la Saint-Georges (Calocybe gambosa), appelé aussi mousseron de printemps.
Avis aux amateurs: il convient donc de bien connaître les critères de différenciation de ces deux espèces. Le tricholome de la Saint-Georges a une odeur particulièrement entêtante de farine mouillée et sa couleur reste blanche, alors que l’inocybe rouge brique a une odeur fruitée et rougit à maturité ou après la cueillette.
Sandrine Rudin et Claude Boujon, photos: Francis Meigniez
Inocybe Patouillardii
Calocybe gambosa