Les hygrocybes représentent un genre de champignons de couleurs généralement vives (rouges, jaunes, verts…) à lames grasses, épaisses et espacées. Avec leurs teintes vives, ils constituent de véritables petites merveilles qui égaient nos contrées. On les trouve généralement dans les pâturages extensifs et les prairies maigres, parmi les herbes. D’autres espèces sont inféodées à la forêt. Ils sont très sensibles à la fumure et aux engrais. Par conséquent, certaines ont pratiquement disparu du Plateau suisse. On les trouve encore principalement dans la chaîne du Jura, dans les Alpes et les Préalpes.
L’hygrophore en capuchon (Hygrocybe calyptriformis) en est une espèce emblématique. Ce champignon a un chapeau conique et pointu. Il s’aplanit et sa marge se fendille avec l’âge. Il est de couleur rose lilacin. Contrairement à beaucoup d’autres hygrocybes, il est facile à reconnaître.
Cette espèce est très rare et tend à disparaître, en particulier à cause de l’intensification de l’agriculture. Son apparition est plutôt tardive, souvent en novembre.
Actuellement, il est classé dans la liste rouge des champignons menacés en Suisse dans la catégorie «Au bord de l’extinction» et est protégé au niveau national dans l’ordonnance fédérale sur la protection de la nature et du paysage.
Seules douze espèces sur les quelque 6000 présentes en Suisse possèdent ce statut. Lors des quinze dernières années, ce champignon n’a été recensé qu’une septantaine de fois dans notre pays et seulement quinze fois en Suisse romande. Dans le canton du Jura, et plus précisément en Ajoie, un site a été découvert il y a une dizaine d’années.
Grâce à la collaboration entre l’office cantonal de l’environnement et les deux agriculteurs exploitant les pâturages concernés, un terrain d’entente a pu être trouvé. Ces lieux sensibles seront épargnés de toute fumure ou autre traitement. Il est réconfortant de constater qu’en collaborant, on arrive à éviter la disparition programmée d’une espèce vivante. Par contre, dans de nombreux endroits, les dégâts sont irréversibles.
Raison de plus pour protéger ce qui peut encore l’être.
Texte et photo : Roland et Félicien Corbat