Le champignon que je vous présente aujourd’hui, vous pouvez l’observer dans le monde entier. Il s’agit du Schizophyllum commune qui se développe principalement sur le bois mort, en particulier sur les troncs abattus et les souches érigées. Il préfère les zones de lumière, déboisées, au bord des chemins. C’est donc là que vous allez le voir durant toute l’année. Sa fructification se présente sous forme de rosettes ou de consoles imbriquées. Le chapeau est fixé au substrat, sa surface externe est hirsute, feutrée, blanche, puis rosâtre-blanchâtre, parfois verte contaminée par des algues avec l’âge. Il supporte très bien le dessèchement et peut se revivifier après plusieurs années d’inactivité. Sous cette surface apparaissent en présence d’une atmosphère humide, des pseudo-lames, bifides ou fendues, d’où son nom de «schizo». Il s’agit d’une caractéristique unique, donc non banale, chez les champignons. Chacune de ces lames est en fait une fructification en forme de cupule inversée, qui contient l’hyménium, c’est-à-dire les spores. Cette spécificité dans le mode de reproduction n’est pas la seule originalité de cette espèce. Dans le monde scientifique, il a été étudié pour sa faculté de fructifier facilement en laboratoire. Cela a permis ainsi une meilleure connaissance des mécanismes de développement des champignons comestibles de culture. De plus, de par sa faculté de se développer avec facilité sur différents types de bois, il autorise la possibilité de pouvoir être à l’avenir le moyen de développer des biocarburants de deuxième génération sur le bois, excluant de ce fait la production à partir de grains de céréales. Enfin, il n’est pas consommable, même si dans certains pays des régions tropicales, il est vendu sur les marchés. De plus, ses spores, en les respirant, peuvent coloniser les poumons chez certaines personnes immunodéprimées. Bien anodin au premier abord, ce champignon révèle une foison de caractères qui le met, malgré sa modicité, au premier plan de la recherche en mycologie.
Jean-Martin Ducommun